" Il ne faut surtout pas rechercher d’esthétisme dans le travail des Fauves "
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Les Fauves et leur technique de simplification
Six petites années et le Fauvisme s’impose ! Mais des années qui ont marqué à jamais un geste pictural à la fois généreux et essentiel. Effectivement, de 1899 à 1905, les Flandrin, Matisse, Rouault, entre autres, ou encore Van Dongen, Valtat – pour ne citer qu’eux – s’entichent littéralement d’un mouvement à l’exubérance incomparable. Louis Vauxcelles, le grand critique d’art, est à l’origine du terme Fauvisme : ainsi a-t-il assimilé l’éclatante beauté des œuvres de ces artistes avant-gardistes aux fauves, les couleurs, selon lui, rugissant. Et c’est vrai ! Tellement vrai qu’il s’agit d’une véritable explosion de tons sur la toile, pour certains non complémentaires, mais il ne faut surtout pas rechercher d’esthétisme dans le travail des Fauves. Il y a là de la réaction non phagocytée en tout et pour tout. L’art classique est abandonné et les gestes impressionnistes, légers et aériens aussi. Toutefois, sans le binôme Gauguin-Van Gogh, Vlaminck n’aurait pas fait écho ni école. Le plaisir débridé anime le pinceau. Il est évident que certains peintres évoluant dans le sud de la France, comme Signac, ont apporté leur vision colorée et magistrale à leurs représentations. Certes, chaque artiste sensible au Fauvisme l’a interprété à sa façon. Mais il est à constater que leurs traits sont toujours plus longs et appuyés. Les détails s’envolent et cette singularité est plutôt bien accueillie. Ainsi, Gustave Moreau, professant aux beaux-arts à Paris, apprécie la pertinence de ces nouveaux messages picturaux qui émergent car ils ne permettent pas qu’on s’y perde. Les toiles se dépouillent de l’inutile. Si pour quelques récalcitrants, il s’agit d’un art violent, le Fauvisme intéresse le milieu pictural de l’époque. Dufy reste plus nuancé dans son approche de ce mouvement éclatant mais on sent, dans son travail, que sa retenue est un respect aux Impressionnistes qu’il ne reniera jamais. Les Fauves ajoutent une possible exégèse moins mièvre de leurs projections. Analyser un tableau de Braque, c’est mettre à nu sa propre intimité et ses liens émotionnels. Jusqu’ici, les interprétations étaient moins engagées. Curieusement, cette simplification de l’œuvre est sûrement à l’origine de l’Abstraction. On est à l’aube d’un siècle où tout ira vite et les choses ne sont pas liées à un hasard empêtré dans quelques coïncidences. Le XXème siècle sera lui-même une explosion de technologies, tel un feu d’artifice qui ne sera pas prêt de s’éteindre…
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